POLICE - La nouvelle voiture de la policie municipale lit les plaques d'immatriculation quel que soit l'angle et dresse les PV en une poignée de seconde...
Huit caméras intégrées dans le gyrophare. Quatre dédiées à la détection de plaque. Quatre autres dédiées à la verbalisation assistée par ordinateur. Non, vraiment ne cherchez pas: vous n’échapperez pas à la nouvelle voiture de la police municipale d’Evry (Essonne). Ses huit caméras repèrent les plaques d’immatriculation quel que soit l’angle de vue. Les données sont transmises à un ordinateur intégré à bord et doté d’un écran qui analyse ces plaques en une fraction de seconde.
Stationnement et vols de voiture
Ce véhicule high-tech, unique en France, circule dans les rues de la ville depuis samedi dernier et sera testé pendant un an. Il ne sera pas dédié à des contrôles de vitesse, le dispositif n’étant pas couplé d’un radar. «Il servira pour les autres entorses au code de la route, mais aussi pour les stationnements gênants et la lutte contre les vols de voiture», explique-t-on à la mairie d’Evry. Une plaque d’immatriculation d’une voiture volée ou impliquée dans une procédure judiciaire détectée, et l’ordinateur le signale immédiatement d’un message rouge sur l’écran à bord. Autre avantage: les PV peuvent désormais être dressés d’un simple clic et les agents municipaux peuvent se passer de sortir de leur voiture.
Voiture gratuite en 2014
Coût de la technologie? 30.000 euros. Mais la police municipale d’Evry n’a pas eu à débourser un centime pour l’instant. «Le véhicule est en phase de test tout au long de l’année 2014», précise Michaël Lior, ingénieur de l’entreprise Stéréla qui a conçu cette technologie. Et en 2015? Si la police municipale d’Evry décide de poursuivre l’aventure, elle devra alors s’acquitter d’un loyer. En la matière, Stéréla propose un mécanisme bien particulier: «Il n’y a pas un montant fixe qui tombe chaque mois. Le loyer est corrélé au nombre de fichiers que les caméras ont permis de traiter.» Autrement dit, l’entreprise perçoit un pourcentage sur les amendes dressées.
Stéréla expérimente depuis dix-huit mois ce système de paiements fluctuants dans une dizaine de polices municipales en Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. «Il y a des loyers minimum et maximum qui sont tout de même fixés», indique Michaël Lior. Des montants confidentiels, pas encore fixés pour Evry. «Ce mode de paiement est adapté à la prestation qu’on fournit, poursuit-il. Prestation qui ne se limite pas au matériel, mais comprend tout un ensemble de services: la gestion des bases de données, la maintenance…»
Vers une pression des chiffres?
Reste que Maître Eric de Caumont, avocat spécialisé dans la défense des droites des automobilistes, craint la dérive. «A partir du moment où une société privée touche un pourcentage sur des amendes, le risque est de ne plus faire seulement de la répression, mais du chiffre! Il y aura forcément des quotas à atteindre pour payer le loyer et donc des pressions sur les policiers municipaux.»
Un pas avant l’heure vers la délégation de service public en matière des PV de stationnement? L’Assemblée nationale en avait voté la dépénalisation à l’automne dernier. Cette loi entrera en vigueur en 2016. Elle permettra aux maires de fixer le montant des amendes et de confier le contrôle des stationnements à des sociétés privées. «Depuis trente ou quarante ans, les grandes villes ont déjà confié la gestion de leurs fourrières à des entreprises privées, reprend Eric de Caumont. On voit ce que ça donne à Paris où les voitures le plus souvent conduites à la fourrière ne sont pas celles qui gênent le plus la circulation, mais celles qui sont faciles à enlever.»
A Evry, Philippe Poupeau, directeur de la police municipale, se veut toutefois rassurant dans les colonnes du Parisien. «Nous allons utiliser cette voiture avec discernement. Sans chercher à matraquer les gens.»