À l'occasion du Tokyo Motor Show qui se tient actuellement dans la capitale japonaise, les constructeurs de motos ont dévoilé des nouveautés impressionnantes qui seront sur les routes dans les mois qui viennent. Mais si la sécurité, la tenue de route, la consommation et le design continuent d’évoluer, l’offre en motos électriques reste plutôt timide. Lors du 1er semestre 2017, sur les 111.934 deux-roues vendus en France (scooters compris), l’électrique ne représentait que 805 engins, dont 518 scooters.
Chez les grands constructeurs de motos, qu’ils soient japonais ou américains, les motos électriques sont toujours au stade expérimental. Chez Harley Davidson, la LiveWire est presque prête, mais ne sera pas en vente avant 2020. Yamaha a dévoilé sa Motoroid sur le salon de Tokyo, mais rien ne dit que cette moto futuriste dotée d’une intelligence artificielle arrivera un jour en concessions. Quant à Honda, l’un de ses représentants a affirmé à L’Officiel, un magazine spécialisé dans la moto, qu’aucun projet à court terme n’est envisagé malgré les rumeurs d’une version hybride de la mythique Goldwing.

Est-ce à dire que les deux roues électriques vont rester cantonnées aux vélos? En France, en 2016, les ventes de deux roues électriques ont progressé de 177%. Un chiffre plus que notable au vu des voitures propres, dont la croissance, n’a été que de 26% au cours de la même période. Une poignée de constructeurs se sont lancés sur ce marché. Beaucoup se sont spécialisés dans le tout-terrain (KTM, Electric Motion, Electrica, Quantya), et quelques-uns dans les machines de tous les jours. Parmi eux, Zero Motorcycles, une firme californienne considérée comme le Tesla de la moto.
Zero, le Tesla de la moto qui évangélise les bikers
Créé en 2006 dans un garage californien de Santa Cruz par Neal Saiki, un ingénieur de la Nasa passionné de motocross, l’entreprise est aujourd’hui le leader mondial de ce micro marché dont l’avenir s’éclaircit avec le durcissement de la législation sur les véhicules thermiques. "Anne Hidalgo n’a pas une bonne image auprès des motards, mais je la remercie d’avoir soulevé la question des véhicules électriques", réagit François Bestel, représentant de Zero pour la France. "Grâce à ce débat, nous pouvons enfin faire découvrir nos engins aux motards qui en plus du plaisir de piloter peuvent rouler propre et en silence, mais aussi longtemps". Début octobre, l’américain a présenté une nouvelle génération de batteries qui promettent une autonomie d’environ 350 km pour deux heures de rechargement.

Quant à la puissance et au couple, ils n’ont rien à envier à grosses cylindrées. Le couple est constant sans passer de vitesses, ce qui offre une puissance d’accélération impressionnante, même pour les modèles accessibles avec un permis voiture (B) ou pour jeunes conducteurs (permis moto A2). "C’est pour nous adapter aux différents publics et aux usages que nos motos disposent de différents modes programmables qui permettent de choisir la puissance et le type de freinage selon les situations et même l’expérience des pilotes", explique le représentant de la marque. Et comme sur une Tesla, les réglages se font avec une appli mobile.

Reste le prix. Par rapport à leurs équivalentes en thermique, les motos électriques sont chères à quelques exceptions près comme la TSR de Super Socco vendue environ 3000 euros, en raison de sa puissance, mais aussi à cause de ses batteries peu performantes. Les Energica démarrent à 25.000 euros et la gamme Zero s’étend de 12.000 à 19.000 euros. Pour François Bestel, ces tarifs s’expliquent surtout par les coûts de la R&D et de production des batteries au lithium. "Il faut atteindre des volumes très importants pour amortir ces frais, en attendant, aucun constructeur de l’électrique ne gagne de l’argent aussi bien dans la voiture ou dans les deux roues. C’est ce qui dissuade peut-être les grands constructeurs de se lancer sur ce marché".
Des frais d'entretien et d'assurance réduits
Mais, pour ce spécialiste, le ticket d’entrée doit être relativisé par les autres frais. "On peut parcourir 200 km pour 1,50 euro d’énergie et, hormis le changement des pièces d’usure comme les pneus, la transmission (chaîne ou courroie) et les freins, il n’y a rien à faire". Selon le magazine Moto Journal, qui a consacré un dossier au sujet dans son numéro d'octobre, le prix de l’assurance est même inférieur de moitié. "Normal, ces motos ne se volent pas, ce qui est un fléau dans les deux roues. Quant au vol de pièces détachées, je déconseille vraiment de mettre les mains dans un moteur électrique", prévient François Bestel.
Mais surtout, dans quelques années, ces engins silencieux et propres seront peut-être les seuls à pouvoir circuler dans les villes. Paris, comme d’autres grandes villes du monde, veut interdire le thermique en 2030. À ce moment, les deux roues pourraient s’imposer comme les engins les plus pratiques pour les déplacements urbains. Pour les longs trajets, il faudra attendre le développement des bornes de recharge.