« Quand vous apprenez le piano ou le violon, vous ne commencez pas à 17 ans mais à 5 ans. » Voici l’argument de vente de l’auto-école britannique Young Driver, qui propose des cours de conduite dès l’âge de 10 ans ou à partir de 1,42 mètre, un peu partout au Royaume-Uni.

Ouvert depuis 2010, l’établissement a séduit plus de 250 000 élèves. Il enseigne, pendant une ou plusieurs séances, des éléments de conduite de base, les intersections, les ronds-points, les deux-voies, les panneaux et même le créneau, dans des propriétés privées ou des parkings vides le week-end.

 

Au Royaume-Uni, l’auto-école Young Driver permet aux enfants de s’initier à la conduite. (Photo : YoungDriver.eu)

 

« J’adore les voitures et je voulais passer une étape en conduisant une vraie voiture plutôt que manier un volant sur une console de jeux », témoigne Callum McNeilly, 13 ans, habitant du Derbyshire, à la télévision britannique BBC One. Pourtant ce jeune garçon ne pourra pas passer son permis avant l’âge de 17 ans comme le veut la législation britannique.

Moins d’accidents

Pourquoi apprendre à conduire aussi tôt ? L’auto-école se vante d’avoir un taux d’accident de seulement 9 % parmi ses élèves qui obtiennent le permis, contre 20 % dans la population globale. « Ce n’est pas pour rien que notre sponsor principal est une compagnie d’assurances », indique Richard Smith, moniteur à l’auto-école, interviewé par la BBC. « Nous voulons que les élèves conduisent car ils deviennent des conducteurs plus prudents quand ils sont sur la route à 17 ans », confirme Rachel Wassall, chargée du marketing à Young Driver.

Au Royaume-Uni, il n’y a pas de conduite accompagnée. À partir de 15 ans et 9 mois, un jeune peut payer pour obtenir la « provisional license » qui lui permet d’apprendre à conduire hors d’une auto-école aux côtés d’une personne qui a son permis depuis au moins trois ans, avant de passer l’examen à 17 ans.

(Photo d’illustration : Fotolia)

En France, un jeune peut apprendre à conduire dès 15 ans, d’abord en prenant un minimum de 20 heures de cours en auto-école, puis en poursuivant avec ses parents en conduite accompagnée.

Les auto-écoles y sont plutôt favorables, faisant aussi valoir l’argument de la sécurité. En effet, les conducteurs qui ont fait de la conduite accompagnée ont moins d’accidents que les autres. Les assurances adaptent d’ailleurs leur prix.

Alors, plus on commence tôt, mieux c’est ?

« On pourrait avancer l’âge à 14 ans, après tout ils ont déjà le droit de conduire un scooter, avance une monitrice d’auto-école rennaise.Mais 12-13 ans, ça me paraît un peu tôt, car il faut déjà acquérir une bonne perception de la route en tant que piéton puis cycliste. »

Un enfant de 10 ans est-il capable de conduire ? Oui, répond François Adam, psychologue clinicien à Rennes, spécialisé dans l’enfance : « Ce n’est pas une question de développement moteur mais d’éducation. À 10-11 ans, l’enfant prend son vélo et sait à peu près se repérer. Il est capable d’apprentissage. »

Le bémol est plutôt dans sa capacité à prendre des décisions. « Un conducteur doit anticiper, poursuit le psychologue. Est-ce qu’un enfant serait en mesure de responsabiliser sa conduite ou sera-t-il dans l’attente des consignes de ses parents ? Je trouve tout à fait intéressant de sensibiliser les enfants à cet âge-là, de prendre le temps de les responsabiliser. Mais de là à mettre les enfants sur la route… Il faudrait revoir tout le contexte routier, que les adultes qui conduisent se rendent compte qu’il y a des conducteurs très jeunes. »

Young Driver ne souhaite pas arrêter les cours à 10 ans puisque l’auto-école britannique propose depuis peu une voiture spéciale, longue de deux mètres, large d’un mètre, électrique, adaptée à des enfants de… 5 ans ! Tentés ?