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Facebook: dix automobilistes poursuivis pour avoir signalé des radars

Ils risquent jusqu'à 1.500 euros d'amende pour avoir signalé sur Facebook la présence d'un contrôle routier. Pour leur avocat, "c'est affligeant de s'en prendre à des individus et pas à tout le système".

"Power Rangers force bleu cherchent argent pour payer leurs retraites à La Rouquette", "Faites un joli sourire sortie rocade du bowling", "J'ai trouvé un gros minet direction Rodez": c'est par ces messages ubuesques que des internautes s'avertissent depuis près d'un an de la présence de contrôles routiers, sur le groupe Facebook "qui te dit où est la police en Aveyron". Une situation que ne supporte plus le procureur de la région: Yves Delpérié a décidé de poursuivre en justice dix d'entre eux, pour avoir voulu "se soustraire à un contrôle".

David est l'un des automobilistes cités à comparaître le 9 septembre prochain au tribunal correctionnel de Rodez. Ce carrossier de 40 ans à l'accent chantant n'en revient toujours pas. "Je n'ai signalé qu'une seule fois la présence d'un radar, et je n'étais même pas au volant ce jour-là: ma femme conduisait", explique-t-il à BFMTV.com. "Ca s'est passé en avril dernier. Mon message n'avait rien d'insultant: je signalais le contrôle, en disant 'Soyez prudents, mes amis'. Deux jours plus tard, deux policiers sont venus nous faire la morale, en nous disant que notre message était illégal. Puis plus rien. Et là, la semaine dernière, nous avons reçu la convocation. Je risque le retrait de permis et une amende de 1.500 euros, je trouve ça aberrant!"

Joint par téléphone, le procureur de la République d'Aveyron n'a pas souhaité répondre à nos questions. Il s'était néanmoins exprimé il y a quelques jours dans les colonnes du Figaro pour expliquer ces poursuites: "Je suis réveillé toutes les nuits car des gens se tuent sur la route. C'est lamentable que certains préviennent de l'installation de radars." Les insultes aux policiers, monnaie courante sur le groupe, font également partie des faits reprochés à certains des prévenus.

Les avertisseurs de radars bientôt interdits?

Pour Me Rémy Josseaume, avocat de sept des dix prévenus et joint par BFMTV.com, "l'émotion de ce procureur ne doit pas être mêlé à des enjeux de sécurité routière". "Les morts sur la route sont quelque chose d'insupportable, mais alors pourquoi ne pas renforcer les contrôles d'alcoolémie? L'interdiction du portable au volant? La vitesse n'est pas le seul danger", s'interroge l'avocat, qui rappelle que "la justice n'a jamais sanctionné les 'appels de phare'".

Et Me Josseaume soulever un autre point: "S'il est interdit de signaler la présence de radars, pourquoi s'en prendre seulement à quelques automobilistes et ne pas s'attaquer à tout le système? Je parle des acteurs économiques comme les avertisseurs de radars, de la presse qui publie la carte de France des flashs, de la gendarmerie qui signale elle-même sur les réseaux sociaux les lieux où des contrôles routiers sont prévus... Il ne peut y avoir deux poids deux mesures!"

Sur Facebook, les soutiens aux prévenus sont nombreux: deux groupes se sont créés et appellent à un rassemblement le jour du procès, et une pétition rassemble pour le moment plus de 1.100 signatures. David se réjouit de ce soutien, mais le reconnaît, depuis la convocation, il se tient "à carreaux". "J'utilise ma voiture tous les jours. Je ne peux pas imaginer qu'on me retire le permis. Je ne comprends pas qu'on s'en prenne à moi".