Le jeu du chat et de la souris entre gendarmes et automobilistes se joue désormais sur les réseaux sociaux. Le procureur de l'Aveyron veut condamner ceux qui ont publié sur Facebook l'emplacement des radars du département. Enquête.
À Rodez, une quinzaine d'automobilistes seront jugés le 9 septembre prochain pour avoir alimenté une page du réseau Facebook signalant le lieu des radars ou de contrôlesroutiers dans le département . Un des automobilistes poursuivi témoigne. Il a écrit sur Facebook : " Attention radar à [...], soyez prudent." Il considère que ce procès est "injuste" vu la peine encourue: un retrait de permis et 1 500 euros d'amende selon lui.
Ce groupe Facebook ("Qui te dit où est la police en Aveyron ?") compte 9 000 adeptes. Pour le procureur de l'Aveyron, Yves Delpérié à l'origine des poursuites, il ne s'agit pas de faire un exemple mais de "réprimer tout simplement des personnes qui ont violé la loi" . Ce décret du code de la route de janvier 2012 interdit tout dispositif permettant d'avertir de la présence de radars ou de contrôles routiers.
Un décret "hypocrite" ?
Un des avocats des prévenus, Rémy Josseaume, conteste que ce décret du code de la route puisse s'appliquer aux réseaux sociaux. Il souligne que, par pédagogie, les gendarmes des Yvelines annoncent sur internet certains contrôles prévus dans le département. Cette décision quoiqu'il arrive fera jurisprudence.
La Ligue contre la violence routière dénonce de son côté un décret "hypocrite" . Selon sa présidente Chantal Perrichon, il n'y a pas de cohérence à interdire les avertisseurs de radars et à autoriser la vente de boîtiers type Coyote qui indiquent non plus un point fixe mais des "zones de dangers" sur plusieurs kilomètres. Ces "zones de dangers" représentent selon Coyote des bouchons, des accidents et parfois... des radars.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé hier le lancement de zones d'expérimentation où la vitesse ne pourra pas excéder les 80 km/h au lieu des 90 autorisés jusqu'à présent.