L’étau se resserre. Ce vendredi matin, Nicolas Hulot et Elisabeth Borne, ministres de la Transition écologique et des Transports, ont annoncé une série d’engagements de l’État « en faveur de la mobilité propre et de la qualité de l’air ». Parmi elle, la mise en place d’un contrôle automatisé des véhicules dans les zones à faibles émissions (ZFE) pour vérifier qu’ils ont le droit d’y rouler.
Comme à Paris et à Grenoble (Isère), une ZFE - anciennement appelée zone de circulation restreinte (ZCR) - vise à combattre la pollution de l’air en fixant un périmètre à l’intérieur duquel, les véhicules les moins propres ne peuvent pas rouler.
Le dispositif repose sur les vignettes Crit’Air, classées de 0 (verte) à 5 en fonction de l’émission de polluants atmosphériques. Ainsi à Paris, les 5 et « non classés » ne sont pas autorisées, du lundi au vendredi de 8 à 20 heures. À Grenoble, l’interdiction est fixée de 8 h à 19 heures, pour les « non classés ».
Sauf qu’aujourd’hui, les contrôles sont rares. « Il y a 600 000 véhicules qui entrent chaque jour dans Paris. Même si on mobilise tous nos agents, ça ne suffira pas ! » estime Christophe Najdovski, élu en charge des transports à la mairie de Paris.
L’État va donc autoriser, sans encore préciser quand, la mise en place d’un contrôle automatisé à l’entrée de ces zones. Une caméra pourra lire la plaque d’immatriculation et interroger le fichier central. Si le véhicule n’a pas le droit d’être là, une contravention de 68 euros lui sera directement envoyée. « Nous sommes satisfaits, mais prudents, poursuit la mairie de Paris, qui en avait fait la demande à plusieurs reprises. Nous aimerions pouvoir le mettre en place dès 2019. »
Ce dispositif pourrait rapidement s’étendre à une plus large partie de l’Hexagone dès 2020. Le ministère va encourager les autres territoires les plus touchées par la pollution atmosphérique - Martinique, Saint-Etienne, Nice, Marseille-Aix, Toulon, Vallée de l’Arve, Lyon, Valence, Montpellier, Toulouse, Reims, Strasbourg, Clermont-Ferrand - à déployer une ZBE. Puis à toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants « d’en évaluer l’opportunité ».
« Mais il appartiendra aux élus d’en définir le périmètre, les catégories de véhicules concernés et la plage horaires, pour que ces ZBE soient adaptées aux réalités du terrain, précise Nicolas Hulot. La pollution n’a pas toujours les mêmes causes, selon les territoires. »
Le ministre ajoute également « qu’il faudra aussi beaucoup de pédagogie, afin que les citoyens comprennent que ces mesures ne sont pas faites pour compliquer leur quotidien, mais parce qu’il y a une urgence sanitaire. » Le partenariat entre les communes et l’État sera officialisé en octobre prochain.
Selon l’Ademe, on a observé dans les ZBE existantes en Europe, des réductions de concentrations dans l’air de NO2 (dioxyde d’azote) et PM10 (particules fines) jusqu’à 12 %. Des gaz toxiques qui trouvent en partie leur origine dans le trafic routier. De quoi, peut-être, convaincre Bruxelles.
En mai dernier, la commission européenne a annoncé qu’elle poursuivait la France devant la Cour de justice de l’Union européenne pour non-respect des normes de qualité de l’air. Elle pointe notamment les dépassements des seuils limites de NO2 et le manquement à l’obligation de prendre des mesures appropriées pour écourter le plus possible les périodes de dépassement.
On estime, qu’en France, 48 000 morts prématurées sont liées à la pollution atmosphérique.
Source : www.leparisien.fr - Jila Varoquier - 20 Juillet 2018