ILLUSTRATION. Radar embarqué flashant dans les deux sens. Alors que le gouvernement réfléchit à une baisse de la vitesse sur les routes de 90 à 80 km/h, 40 millions d'automobilistes relève que le Danemark a suivi, voilà deux ans, le chemin inverse.
LP / Patrick Caffin
Faut-il augmenter la vitesse sur les routes pour...réduire le nombre d'accidents? L'idée paraît à la fois incongrue et provocatrice alors que le gouvernement envisage de baisser de 90 à 80 km/h la vitesse sur les routes bi-directionnelles (deux voies, une dans chaque sens). L'association 40 millions d'automobilistes met pourtant très sérieusement en avant ce jeudi cette option en citant l'exemple danois.
«Après avoir augmenté sa vitesse limite sur autoroute il y a dix ans, le Danemark expérimente depuis deux ans l'augmentation de sa vitesse limite sur le réseau secondaire, portée de 80 à 90 km/h, et constate beaucoup moins d'accidents» affirme l'association, vent de bout contre toute baisse des vitesses sur les nationales et départementales françaises.
40 millions d'automobilistes cite un responsable de la direction danoise des routes qui justifie cette mesure dans le Copenhagen Post. «C'est comme si nous avions trouvé la vitesse la mieux adaptée à ces portions de route car cela nous a permis de réduire les écarts de vitesse entre les véhicules et donc de diminuer le nombre de personnes qui procèdent à des manœuvres de dépassement potentiellement dangereuses» explique le responsable danois.
«Il existe tellement d'autres pistes efficaces»
En France, 2013 a été marqué par une chute historique du nombre de morts sur les routes (3250 tués, 11% de moins qu'en 2012). Néanmoins, souhaitant bousculer «l'idée reçue» selon laquelle «1% de vitesse en moins équivaut à 4% de morts en moins», le délégué général de l'association, Pierre Chasseray, estime que «l'on ne peut plus affirmer avec aplomb qu'il faut baisser les limitations de vitesse en France». «Il existe tellement d'autres pistes efficaces pour réduire le nombre d'accidents qu'il paraît fou de prendre une telle mesure à laquelle 82% des Français sont opposés» ajoute-t-il.
L'association met également en avant l'exemple britannique où le réseau secondaire est limité à 60mph (97 km/h) «avec deux fois moins d'accidents mortels qu'en France», où «55% des radars ont été désactivés» et où les flashs ciblent moins les petits excès de vitesse car «la marge de tolérance des radars est de 10% contre 5% en France».
Selon la Ligue, «la mortalité routière a augmenté au Danemark»
Autant d'arguments qui laissent de marbre la présidente de la Ligue contre la violence routière. «On ne peut pas comparer la Grande-Bretagne à la France car il y a trois fois moins de kilomètres de routes et le trafic y est moindre, estime Chantal Perrichon. Certains radars y ont été supprimés car ils étaient obsolètes et coûteux pour les villes. Du coup, beaucoup de contrôles de vitesse se font désormais via des radars installés dans des camionnettes mobiles».
Quant à l'expérimentation danoise d'augmentation de la vitesse sur le réseau secondaire, la Ligue affirme que la «mortalité routière a augmenté de 8% au Danemark entre 2012 et 2013 alors qu'elle baissait dans la plupart des autres pays européens». «Si des limitations de vitesse ont été instaurées dans les années 1970 en France, c'est parce que l'on avait atteint 18 000 morts sur les routes, rappelle Chantal Perrichon. Lorsque l'Espagne a expérimenté pendant quatre mois une baisse des vitesses de 120 km/h à 110 km/h sur ses autoroutes, l'accidentalité y a mécaniquement chuté de 34%».