A partir de quatre caméras de 2,5 cm 3 installées à l'avant, à l'arrière et sur les rétroviseurs du véhicule, le système de Valeo reconstitue l'environnement de la voiture au gravillon près, bien mieux que ne le voit l'oeil humain. Démonstration. Mon pilote braque une lampe torche sur le rétroviseur et donc sur le capteur de la caméra. Cela ne la gêne pas et je peux continuer à bien voir la route sur l'écran de contrôle, alors que par le pare-brise je ne distingue qu'un halo blanc. Utile, si un automobiliste m'éblouit en me croisant en pleins phares par exemple. Un autre ingénieur déboule soudain, à pied, sur notre gauche. L'écran du prototype entoure le piéton d'un rectangle jaune vif, bien avant que je ne le repère à travers la vitre, puisque mon champ de vision n'est « que » de 180°.
La technologie utilisée ressemble à celle qui a permis de créer les personnages d'« Avatar ». La caméra pointe des bras, des jambes, une tête, comprend dans l'instant qu'il s'agit d'un être humain... et permet d'éviter l'accident. « Pour identifier les piétons, nous emmagasinons des milliers de silhouettes : des grands, des enfants, des personnes avec des cannes... » précise Guillaume Devauchelle, directeur de l'innovation chez Valeo.
Ces petites caméras, peu chères, seront installées sur toutes les voitures vendues aux Etats-Unis après 2018, car la loi imposera alors des systèmes de surveillance à l'arrière. « Les Américains raffolent de hauts pick-up, mais chaque année 500 enfants sont blessés ou tués par leurs parents, qui ne les ont pas vus, lorsqu'ils sortent du garage », explique Fergus Moyles, le directeur du centre irlandais. On peut coupler ce dispositif au système de freinage pour que la voiture pile net si elle reconnaît un piéton, mais, pour des raisons légales, le conducteur doit encore aujourd'hui garder le contrôle du véhicule.
Pour l'instant, les caméras de Valeo aident donc les automobilistes à mieux conduire. Elles savent lire les panneaux de circulation, les marquages au sol, qu'elles peuvent souligner. Mais, à terme, elles pourront permettre aux véhicules de rouler seuls, respecter les limitations de vitesse ou conserver les distances de sécurité. La voiture « tout-automatique » va arriver plus vite qu'on ne l'imagine, prévient Marc Vrecko, le patron du programme confort et autonomie de Valeo, « parce que c'est une demande du marché ». Aujourd'hui, quelques voitures premium se garent déjà seules grâce à des caméras et des infrarouges. « D'ici deux ou trois ans, on pourra passer en pilote automatique dans des conditions de circulation simples, comme sur le périphérique parisien, où il n'y a pas de piéton ni d'intersection, prévoit Marc Vrecko. Et conduire complètement sans les mains, dans toutes les situations, viendra vite, vers 2025. »
VIDEO. La voiture autonome, c'est pour bientôt